Les œuvres d'art ont-elles une valeur ?
Pour répondre aux demandes, très nombreuses, qui nous sont faites au sujet de la « valeur » de telle œuvre qu'on nous présente, voici notre conviction, basée sur une longue expérience et ainsi résumée :
« une œuvre d'art, ou un objet historique (comme d'ailleurs tout objet, même le plus humble), n'a pas de valeur ; en revanche, elle a eu ou pourra avoir, lors d'une transaction réelle, un prix réel, formé librement selon de nombreux critères et dans des circonstances variées ; si varie un seul de ces critères ou une seule de ces circonstances, le prix peut varier dans de grandes proportions.»
1. Distinction fondamentale : Valeur = opinion. Prix = réalité.
• la "valeur" est une opinion : « je pense que tel objet vaut tant » ;
• le prix est une réalité factuelle : « tel objet s'est vendu tant (tel jour à tel endroit, dans telles circonstances, de telle personne à telle personne etc.).»
11. Quelques exemples.
111. Premier exemple : une bague.
Prenons un exemple de grande banalité : une bague. On pourrait prétendre qu'elle a une valeur objective, résultat de la somme des matières premières (métal précieux, pierre précieuse) et du travail qui fut nécessaire pour la réaliser.
Or, cette même bague peut recevoir plusieurs prix réels :
• chez un bijoutier des faubourgs de Romorantin ou de Terrasson : 10 000 euros.
• chez un bijoutier de la place Vendôme, à Paris : 80 000 euros.
Imaginons qu'une personne, sitôt sortie de chez le bijoutier de la place Vendôme, regrette son achat et rentre illico dans la boutique pour rendre la bague : le bijoutier, s'il la rachète, la reprendra peut-être à 3000 euros.
Quel est donc la "valeur" de cette bague ? Elle n'a pas de valeur, mais elle a eu plusieurs prix réellement payés. Dans le cas le plus élevé, ce sont des circonstances extrinsèques qui ont contribué à former ce prix : l'emplacement place Vendôme, et la marque du bijoutier apposée sur l'emballage. Et si l'acheteur a accepté ce prix, c'est encore pour des raisons extrinsèques : par exemple, pour épater sa fiancée.
112. Second exemple : Salvator Mundi
Prenons un exemple devenu fameux ces derniers temps : la peinture intitulée « Salvator mundi », et attribuée à Léonard de Vinci. En l'espace de quelques années, cette peinture a eu quatre prix réels :
• achetée sur le marché ouvert en 2005 pour 10 000 dollars ;
• acquise pour 80 millions de dollars par un revendeur ;
• cédée aussitôt après (en 2013) pour 150 millions à un collectionneur éclairé ;
• revendue aux enchères par ce collectionneur, en 2017, pour 450 millions.
Bien malin qui pourrait dire la "valeur" de cette peinture : 80, 150 ou 450 ? En douze ans, le prix a été multiplié par 45 000 ! Chacun de ces quatre prix a été librement formé, par accord entre le vendeur et l'acheteur. Il n'y a donc pas de fraude à la valeur (ce qui est le cas, par exemple, lorsqu'un antiquaire achète un objet à une personne qui ignore ce qu'elle vend), ni d'erreur sur la substance de la chose. Chacune de ces transactions fut régulièrement menée.
113. Troisième exemple : le verre d'eau
Prenons un autre exemple, le plus humble qui soit, à l'autre extrémité des objets : le verre d'eau. Combien vaut un verre d'eau du robinet ? Rapporté au prix du mètre-cube d'eau, le verre d'eau coûte 0,0002 euros. Imaginons maintenant qu'une personne, dont la maison borde le chemin de Saint Jacques de Compostelle, veuille profiter de la chaleur estivale pour tenter de vendre ce verre d'eau, et que passe un pélerin assoiffé prêt à vider sa porte-monnaie pour acheter de quoi boire : il sera prêt à donner deux euros à ce profiteur pour obtenir ledit verre d'eau.
Ainsi, le même verre d'eau, dans deux circonstances différentes, peut voir son prix varier du simple à dix-mille fois plus. On poura toujours disserter sur la valeur théorique de ce verre d'eau ; néanmoins, les prix qu'il a eus sont des faits historiques réels, nonobstant le fait que, dans le second cas, on puisse toujours évoquer que le pélerin assoiffé n'a pas participé librement à la formation du prix, mais dut subir le prix imposé par le vendeur qui a profité de l'état de nécessité du pélerin.
12. Conclusion
Ainsi, pour les œuvres d'art, qui ne sont pas des objets de série destinés à la consommation éphémère, et dont l'achat n'obéit pas à une stricte nécessité, il n'y a pas de valeur. Il y a des prix factuels, variables à l'infini sitôt que change une des circonstances qui a contribué à sa formation.
2. La valeur.
21. Fondement de la variation de la valeur.
Néanmoins, il se trouve bien des gens qui prétendent indiquer une valeur à telle œuvre ; mais cette valeur sera aussitôt contredite par un autre expert, qui procèdera à une évaluation différente ! En effet, à partir du moment où il s'agit d'émettre une opinion, cette opinion prétendît-elle se fonder sur des éléments objectifs, tout l'éventail est ouvert à l'extrême. La même œuvre, présentée à plusieurs experts, recevra plusieurs valeurs !
Tout dépend en effet :
• de la finalité de cette expertise : une estimation "en valeur d'assurance" suite à un sinistre, est évidemment plus élevée qu'une estimation "en valeur de succession" (car dans ce cas il s'agira de payer un impôt sur l'actif successoral).
• de la personalité de l'expert : il est inévitable que l'homme, même le plus honnête, ramène tout à soi et à son expérience propre. Prenons le cas d'un marchand d'autographes, à qui on présente un document rare dont la qualité excède ce qu'il a l'habitude de vendre : il aura le réflexe, inconscient, d'amoindrir la valeur de ce document, pour le ramener à celle de sa marchandise habituelle. Son raisonnement sera « à quel prix pourrais-je vendre ce document ? » ; la valeur qu'il indiquera sera fonction de ses propres possibilités. Si c'est un "petit marchand", il indiquera une valeur faible.
22. Vrai sens de la "valeur" donnée.
Ainsi, bien souvent, quand un marchand-expert avance une valeur moindre que celle fixée par un autre expert, cela veut tout simplement dire « je ne suis pas capable de vendre cet objet davantage ». C'est un aveu d'impuissance.
En revanche, quand nous proposons à une personne qui nous présente un objet estimé tant par plusieurs experts, de fixer à dix fois cette "valeur" l'estimation dans notre prochaine vente aux enchères, cela veut dire « nous allons être capables de vendre cet objet à ce niveau, car nous irons chercher et convaincre les grands collectionneurs internationaux». C'est un aveu de compétence.
23. Légitimité à donner une valeur.
A supposer, donc, que l'on puisse donner une valeur à un objet, il faudrait alors que cela engage celui qui parle. Seul doit pouvoir fixer une "valeur" celui que cette valeur engage, à un titre ou à un autre. Donner une valeur "en l'air", sans qu'aucune conséquence n'en sorte, c'est irresponsable. Une parole qui n'engage pas, c'est du baratin.
Si l'on donne une valeur à une chose, il faut aussitôt ajouter : « je vous achète cette chose pour tant, et c'est un prix honnête, car voici les élements qui le prouvent», ou bien : «confiez-moi cette chose à vendre, je vais vous en tirer un minimum de tant.». Autrement dit, la valeur donnée doit pouvoir se justifier par un prix réel à produire par la personne qui avance cette valeur. On en revient toujours au prix, qui est la seule vérité de la valeur de l'objet !
Le marché se porterait mieux, et les vendeurs seraient mieux éclairés, si on était épargné de devoir entendre tous ces irresponsables "donneurs de valeurs".
3. Le prix.
31. Les prix sont libres.
Un grand principe du droit, est que : « les prix sont libres ». Du moment que le prix est formé librement, sans contrainte —que ce soit entre professionnels ou entre amateurs éclairés— le prix est LIBRE. Et c'est précisément parce qu'il est libre qu'il est susceptible de grandes variations qui explosent le carcan d'une prétendue "valeur".
Un antiquaire ou un collectionneur est libre de proposer le prix qu'il veut pour un morceau de bois ramassé dans la forêt ou pour une petite cuillère en inox ; si se présente un acheteur qui, librement, accepte le prix proposé, alors le prix est fixé et la transaction peut se faire. Une fois la vente parfaite, ce prix devient le prix factuel de la chose, formé tel jour dans telles & telles circonstances. Et la vente est irrévocable, même si la "valeur théorique" de l'objet est infiniement plus basse que le prix réellement payé.
32. Fondement de la variation des prix.
Comme nous l'avons dit, les prix sont variables à l'infini, sitôt que change un des éléments qui ont contribué à leur formation. Ces éléments peuvent être intrinsèques à l'œuvre, ou lui être extrinsèques ; être "objectifs" ou se situer dans la pure subjectivité des personnes. Ces éléments, ce sont ce que la philosophie réaliste, depuis Aristote, nomme les "circonstances" : quis, quid, ubi, cur, quomodo, quando, circa quid, quibus auxiliis.
1) éléments intrinsèques (quid) : c'est tout ce qui concerne l'être-même de l'objet : un peinture donc on découvre le peintre, se vendra naturellement plus cher que lors de la vente précédente, où elle était présentée comme anonyme.
2) élément extrinsèques : un prix se forme dans un bouquet de circonstances (les personnes qui interviennent, le lieu, le temps, les motivations, les modalités, et généralement tout ce qui "tourne autour" de l'opération de vente) :
-le vendeur : sa personalité, ses besoins, son enseigne, son emplacement &c.
-l'acheteur : sa personalité, ses motivations, sa fortune, son désir de paraître, son désœuvrement &c.
-le lieu de vente : Paris, Londres ou Bergerac....
-l'intermédiaire : petit brocanteur ou grand marchand, présence ou pas d'un expert.
-la date, voire l'heure, de la vente.
-la modalité de la vente : enchères, amiable, courtage.
-l'attrait de la vente : vente de prestige qui attire du monde, ou petite vente obscure dans un hall de centre commercial.
-les raisons pour lesquelles le vendeur vend : par nécessité urgente ou par simple désir de vendre.
-les raisons pour lesquelles l'acheteur achète : pour compléter sa collection, pour être vu lors d'une vente de charité, pour acheter un portrait de famille, ou autre raison.
-la nécessité de dépasser le montant prévu par l'Etat pour préempter.
Nous ne parlons pas, évidement, des éléments "troubles" qui peuvent accompagner certaines ventes : fausses enchères, cote d'un artiste maintenue artificiellement etc.
33. Exemple d'un coktail de circonstances qui fait varier le prix.
Ainsi, on comprend aisément que le même objet rarissime, présenté aux enchères dans une vente de prestige, décide les deux plus grands collectionneurs au monde à surenchérir à des sommes très élevées, car l'occasion ne se représenta plus de compléter ainsi sa collection, d'autant plus que l'orgueil incite à ne pas céder à son concurrent assis à côté de soi. Mais sitôt la vente faite, si un autre objet similaire est proposé dans une seconde vente, il n'y aura plus qu'un seul collectionneur intéressé (celui qui n'a pas obtenu l'objet la première fois), et dans ce cas cet objet n'atteindra qu'une somme bien inférieure au premier objet. A moins que, pour se venger d'avoir été "poussé", l'acheteur du premier objet ne "pousse" les enchères jusqu'avant le "point de renoncement" de son collègue.
Nous sommes dans un cas où le prix de ces objets a été formé par l'introduction, dans le "coktail de circonstances" d'éléments de pure subjectivité, et où ce sont ces éléments qui ont déterminé le niveau du prix. On est donc loin de la "valeur objective" que certains voudraient donner aux objets.
Mais imaginons que les deux collectionneurs décèdent, et que leurs collections soient revendues par leurs héritiers : il est bien probable que l'objet qui les vit concourrir, ne s'adjuge à un montant infîniment moindre que lors de la première vente, car il n'y aura plus de collectionneurs acharnés à acquérir cet objet.
34. Autre exemple d'une circonstance qui cause une augmentation du prix.
Soit une vente aux enchères, dans laquelle est présenté un manuscrit armorié estimé 10 000 euros. On pouvait penser qu'il pouvait atteindre 30 000. Mais en salle, le collectionneur intéressé aperçoit le bibliothècaire qui, habituellement, préempte les objets pour l'Etat. Plutôt que de prendre le risque de se voir "souffler" le lot à 30 ou 40 000 par le préempteur, le collectionneur, qui n'en était pas à cela près, annonce d'emblée une enchère à 100 000 euros. Ainsi, il était certain d'obtenir le manuscrit, et de "coiffer" la possibilité financière de l'Etat potentiellement préempteur.
Le prix de ce manuscrit se hissa donc à 100 000 euros. Mais sa "valeur" en est-elle d'autant augmentée ? C'est la seule crainte d'une préemption qui a causé un prix si haut !
35. Aucune garantie possible pour le prix.
En conséquence, il faut être conscient que le prix d'achat d'une œuvre ne peut recevoir aucune garantie pour l'avenir. Telle œuvre achetée tant tel jour, ne pourra peut-être se revendre que dix fois moins tel autre jour. Ainsi, on ne peut pas davangage "spéculer" sur le prix de revente d'une œuvre d'art, qu'on ne peut le faire pour des actions en bourse.
4. CONCLUSIONS pour notre pratique professionnelle.
En conséquence de cela :
41. Ce que nous ne faisons pas.
411. Ce que nous ne faisons pas, à l'égard du vendeur : fixer une valeur en l'air.
Nous sommes un Cabinet d'expertise, et non pas une structure marchande ni une officine de baratinage. Nous assumons pleinement notre devoir d'expertise, qui consiste en l'étude fouillée de l'objet. Mais quant à la fixation d'une "valeur", cela n'entre pas dans les attributions d'un Cabinet d'expertise. Nous récusons toute notion de valeur aux objets d'art, et ne déterminons donc pas aux objets qu'on nous présente, de valeur déconnectée de tout engagement à prendre les moyens pour obtenir un certain prix. C'est pourquoi, lorsque nous fixons une estimation pour une vente aux enchères, il s'agit non pas d'une "valeur en l'air" mais d'une somme minimale réaliste permettant le jeu des enchères qui débouchera sur une vente réelle (voir ci-dessous).
412. Ce que nous ne faisons pas, à l'égard de l'acheteur : garantir un prix, encore moins faire rêver.
Nous avons dit plus haut que les prix étaient susceptibles de variations extrêmes, selon que change telle ou telle circonstance qui a contribué à la formation d'un prix. Ainsi, nous ne pouvons garantir à un acheteur qu'il revendra avec bénéfice, ni même qu'il retrouvera dans l'avenir le prix auquel il a payé tel objet dans le passé. Car de nombreuses circonstances auront changé depuis. Sans aller dans des situations exagérées, on peut estimer courante une variation de prix dans un rapport de 1 à 5, soit en plus, soit en moins : il est fréquent qu'un objet payé 1 puisse se revendre 5, ou qu'un objet payé 5 ne trouve à se revendre qu'à 1. La marge ou la "démarge" (qu'on nous autorise ce néologisme) peut aller du quintuple au cinquième. Ainsi, l'amplitude habituelle (sans excès !) entre le moindre prix et le meilleur prix est de 25 !
C'est la raison pour laquelle aucun achat se peut se consentir sous la condition d'une revente ultérieure bénéficiaire.
Au risque de nous répéter, disons encore que : lors d'une vente où nous intervenons à un titre ou à un autre, l'acheteur doit être bien conscient qu'il n'aura aucune garantie de pouvoir faire un bénéfice ni même de "retrouver ses sous" si un jour il revend cette œuvre.
Lorsque nous conseillons un achat à une personne, ou que nous participons à une transaction, c'est uniquement pour seconder cette personne dans la constitution de son patrimoine culturel. Ce n'est jamais dans un but financier. Nous ne faisons pas "rêver" nos acheteurs sur la "valeur" de l'objet, ni sur la moindre possibilité de revente bénéficiaire. Certes, il arrive que soit bénéficiaire la revente d'un objet dont nous avons conseillé l'achat ; mais la revente n'est jamais une condition de l'achat ! Avant tout conseil d'achat, nous mettons cela bien au clair avec la personne ; et il nous arrive de refuser tout conseil d'achat si nous sentons que la personne entend "faire un coup" ou revendre un jour avec bénéfice. Nos acheteurs ne sont pas des "investisseurs", ce sont des acheteurs patrimoniaux ; nous ne participons pas à l'achat ou à la vente de "produits financiers", mais de "vrais objets culturels".
42. Ce que nous faisons.
421. Sur le principe : créer de la richesse.
Notre expertise est créatrice de richesse :
• principalement, richesse culturelle. Cette richesse culturelle est la seule base sur laquelle l'on puisse fonder, mais sans garantie que cela n'advienne, l'obtention d'un prix "agréable", c'est-à-dire la "richesse financière".
• éventuellement, richesse financière, lorsque la richesse culturelle, jointe à une stratégie de vente perspicace, a produit le prix escompté. Cela est arrivé à de nombreuses reprises dans le cours de notre activité, que notre expertise de l'objet ait fondé l'obtention d'un prix élevé, voire d'un record. Mais jamais cela n'est garanti.
Nous nous distinguons en cela de la floppée "d'experts" qui en réalité ne sont que des descripteurs : ils font une description matérielle de l'objet, et hop pour eux l'affaire est bouclée.
Notre expertise, quant à elle, va à l'intérieur de l'objet. Nous en extrayons et en révélons toutes les dimensions, sa plus profonde nature. Ainsi, nous faisons advenir l'œuvre en pleine lumière, et ce faisant nous la mettons, lorsqu'elle sera vendue, dans la position d'obtenir le prix maximal qu'elle mérite. Autrement dit, par notre travail nous passons directement de l'œuvre au prix, sans passer par une "valeur théorique".
Entre le moment où une œuvre est remise dans nos mains, et le moment où elle est vendue à un certain prix, une richesse a pu être créée. Beaucoup de professions parasitaires ne peuvent pas en dire autant.
422. Concrètement : contribuer par notre expertise à la formation du prix.
422-1. information sur les prix réels passés.
Nous pouvons, à titre de comparaison, fournir au vendeur des exemples de prix réels, obtenus dans le passé par des objets similaires ; tout en tachant d'expliquer pourquoi tel prix fut si élevé, et tel autre prix si bas.
422-2. seuils de vente.
• nous pouvons conseiller de ne pas vendre tel objet en dessous de telle somme.
• nous pouvons conseiller de tenter de vendre tel objet à partir de telle somme ou jusqu'à telle somme.
422-3. partage, assurance.
Lorsque nous sommes requis pour un partage, pour une assurance etc., nous indiquons une "valeur en partage" ou une "valeur en assurance" : il s'agit en fait non pas d'une valeur théorique, mais de prix (actuels ou futurs) : le "prix du partage" (du moment que le partage est égal, peu importe la valeur des lots !), ou le montant réel que devra payer l'assurance si le bien venait à périr.
422-4. vente aux enchères.
• lorsque nous sommes requis pour apporter notre expertise à une vente aux enchères, nous déterminons, en accord avec le vendeur, un prix de départ ou une estimation. Cela n'est ni une "valeur théorique", ni un "prix final". C'est généralement le minimum en-dessous duquel l'objet ne sera pas vendu, et qui laisse au-dessus un espace pour le libre jeu des enchères.
• cette estimation peut être "prudente", ou "audacieuse". Elle est généralement prudente, c'est-à-dire qu'elle n'est pas excessive, car le vendeur désire vendre, et non pas décourager les acheteurs par des estimations trop élevées. Elle peut parfois être audacieuse, c'est-à-dire excéder de beaucoup la "valeur" qu'aurait fixée d'autres experts, lorsque nous voulons décider les grands collectionneurs internationaux à mettre le paquet pour acquérir tel objet. Le général Bonaparte nous a appris que le vainqueur n'est pas celui qui laisse advenir les événéments, mais celui qui tient constamment l'initiative et qui dirige la manœuvre ennemie pour l'amener là où la victoire sera possible.
• l'audace de certaines de nos estimations se base sur notre expertise, qui va au fond des objets et qui en révèle la "substantique moëlle". Notre expertise est révélatrice de l'objet (et pas simplement descriptive), et cela fonde les plus grands espoirs sur le prix final atteint lors de la vente. Nos records mondiaux sont là pour en témoigner.
© Roch de Coligny, 2011 (§ 112, "Salvator Mundi" : 2018).